DOULEURS DE PLAISIR DE LIRE
En ce début d’année, j’aurais pu écrire un édito recommandant de prendre comme résolutions nouvelles, le temps de lire, le désir de lire, la découverte de nouveaux horizons de lecture ; j’aurais pu aussi écrire un "coup de gueule" et non un "coup de cœur" à l’encontre de "Soumission" (que signifie le terme Islam !), le dernier livre de Michel Houellebecq que l’équipe de Plaisir de Lire n’apprécie guère.
Hélas, les circonstances tragiques qui ont frappé au cœur tous les Français et pas seulement eux du reste, m’amènent à faire partager les "douleurs" de Plaisir de Lire :
- La douleur de l’irruption brutale dans notre quotidien d’une attaque terroriste de notre intimité : le rythme quotidien de l’exercice d’un métier, celui de journaliste, celui de policier, celui d’épicier, le rythme quotidien du passant qui court, qui fait ses achats… et qui meurt de la bêtise humaine.
- La douleur du malentendu, du dialogue proprement de sourds entre religions, entre citoyens, entre Etats qui s’affrontent : Israël-Palestine, Ukraine-Russie, pays arabes-Etat Islamique …
- La douleur de la brisure atroce, irréparable de dix-sept familles, privées d’un père, d’un époux, d’une sœur, d’une fille… Seuls ceux qui ont eu la douleur de perdre un enfant peuvent partager un peu de cette brisure : il y a des mots quand on perd son époux ou son épouse, il y a des mots quand on perd ses parents, il n’y en a pas pour dire la perte d’un enfant.
- La douleur étrange, douce, inattendue d’une émotion incontrôlée qui fait surgir les pleurs, les gestes, les marches de tous ceux qui n’ayant pas les mots, n’ayant pas la compréhension des événements manifestent spontanément, comme ils le peuvent, leur solidarité, leurs peurs, leur espérance.
Combien de minutes de silence avons-nous partagées ces jours-ci ? Combien de "Marseillaise » avons-nous chantées ces jours-ci ? Combien de journaux avons-nous achetés et lus avec intérêt et douleur ? Combien d’échanges avons-nous eus ces jours-ci avec nos voisins, nos proches, nos amis ?
De la parole de consolation, le dernier vers de la pièce de Corneille "le Cid " : "Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi " qui me nourrit régulièrement, je souhaite que la "vaillance" nous maintienne veilleurs et attentifs et attentionnés ! la vaillance correspondant peut-être au mot moderne de la résilience, le fait de rebondir : plus une balle jetée avec force tombe bas, plus elle rebondit plus haut !
Marie-Claude ZEISLER-DECOUT
Présidente